Et si la maladie d’Alzheimer était d’abord une atteinte du corps social avant d’être une atteinte des personnes chez qui elle fait l’objet d’un diagnostic? Et si la maladie d’Alzheimer était comme une métaphore qui parle moins, peut-être, du malade que de la société dans laquelle il se débat ?
Avançant en âge, certains d’entre nous développent des signes de vieillissement dit pathologique, dans leur corps et dans leurs comportements. Ces symptômes de vieillesse visibles dans l’instant racontent une vie, parlent d’une histoire et d’un contexte dans lequel elle s’est déroulée. Se pourrait-il que le mal dont ils souffrent nous donne à comprendre quelque chose de notre société, de son fonctionnement, des rapports qui s’y nouent ou s’y dénouent, de la manière dont cette société traite ceux qui la composent et leur donne à vivre des situations qui, potentiellement au moins, les rendent malades?
Perturbation du rapport au temps, à l’espace, amnésie collective, perturbation de la langue et de la capacité à nouer des relations sont autant de symptômes d’une société malade, société de déliaison… qui peine à nouer pour ses vieux et avec eux des relations de solidarité. Alors «symptômes de vieillesse ou vieillards symptômes», de quoi nous parlent donc les malades d’Alzheimer? (Fonte: Retrait et société)